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L’intelligence peut-elle émerger sans incarnation, besoins, conscience ni émotions comme le présuppose l’intelligence artificielle ? Nous allons sur les traces de l’Evolution des espèces pour comprendre comment l’esprit et ses facultés ont été façonnés par les contraintes d’acier de la survie. Apparaît ainsi l’étroite imbrication des facultés mentales animales et humaines. Comprendre les mécanismes généraux de l’esprit permet d’avancer sur des questions qui influencent aussi bien les sciences de l’esprit que les recherches en intelligence artificielle ; comment jaillit le sens et en quoi est-il nécessaire à l’intelligence ? Comment nous représentons-nous le monde et pourquoi les IA n’ont-elles ni bon sens, ni sens commun ? Quel rôle joue notre incarnation et nos émotions dans nos facultés mentales, sont-elles nécessaires aux IA ? Sous l’angle naturaliste les facultés mentales perdent leur aspect éthéré et mystérieux. L’intuition et l’inconscient apparaissent comme nécessaires à nos capacités mentales les plus évoluées et les émotions ne sont plus des scories léguées par notre filiation animale. L’esprit et son incarnation ne peuvent être séparés, un changement de perspective engagés par les neurosciences mais plus timidement par l’intelligence artificielle.

Le terme IA est tellement sexy qu’il fait prendre des calculs pour de l’intelligence 

C’est une éminente figure de l’intelligence artificielle (IA), Yann Le Cun, qui souligne que les prouesses de l’IA démontrent bien plus les limites intellectuelles humaines que l’intelligence de ses réalisations. Nous sommes de mauvais calculateurs, nous ne savons pas brasser de grandes quantités d’informations, notre mémoire n’est pas fiable.

Sous cet angle, il est moins étonnant que des IA dopées aux gigahertz et aux téraoctets écrasent les experts humains dans des exercices que nous considérions, il y a peu, comme des sommets intellectuels. John McCarthy (1927-2011), un pionnier de l’IA, s’en serait agacé – « Dès que ça marche, on arrête de l’appeler IA » (« As soon as it works, no one calls it AI anymore », selon les propos rapportés par le polytechnicien Bertrand Meyer sur son blog. Cela signifie-t-il que, depuis soixante ans, il y ait maldonne sur l’intelligence ?…

L'intelligence artificielle est dans l'impasse

Alors que se multiplient les applications de l’intelligence artificielle (IA) à grande échelle après des décennies de stagnation, sa capacité à produire une intelligence équivalente à la nôtre est remise en cause, et le terme même d’intelligence lui est dénié. Les acteurs majeurs de la discipline confirment que l’on est encore bien loin du but. Au-delà de l’euphorie actuelle, l’IA serait-elle donc dans l’impasse ?

Toutes les IA sont affectées des mêmes lacunes : hyperspécialisation, absence d’autonomie, incapacité à manipuler du sens et à créer une représentation du monde. Le fait que ces limites se manifestent depuis les travaux des pionniers dans les années 1960 donne le sentiment que la discipline tourne en rond. Comme un horizon enchanté fuyant devant les chercheurs, le Graal d’une intelligence universelle leur échappe à chaque fois qu’ils croient l’atteindre...

Les succès pratiques et parfois spectaculaires de l'IA masquent qu'elle est bien plus une technologie qu'une science, qu'elle avance sans cadre théorique et en dehors de toute démarche scientifique. Cet essai plaide pour un retour à une vision naturaliste, intégrant l'animalité pour éclairer le long chemin restant à parcourir jusqu'à la conception d'une intelligence artificielle universelle.

Nouvelles policières, SF et anticipation : pas de super-pouvoirs mais un proche avenir comme terrain de jeu de héros faussement ordinaires.

Onze histoires de demain et d'après-demain...