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Intelligence Naturelle (5)

Emotions & intelligence

Les émotions sont l’une de nos plus précieuses facultés, elles nous guident au milieux des incertitudes, nous indiquent quels problèmes méritent d’être résolus et à quel moment ils le sont, pour autant, sont-elles nécessaires à l’intelligence ? Peut-être faut-il commencer par affirmer que l’intelligence ne se limite pas à la rationalité, et c’est heureux ! Car la rationalité ne sait pas faire face aux situations informelles, nous devons sans cesse nous adapter à des situations en ne disposant que de données partielles et généralement, de peu de temps, autrement dit, nous devons nous débrouiller, improviser, faire preuve de créativité etc…

Mais comment se débrouiller sans recourir à la rationalité ? Comment font les animaux pour survivre si bien ? La pensée non symbolique puise dans le capital d’expériences sensibles et signifiantes accumulées dans notre représentation du monde. Nos souvenirs ne sont pas neutres, ils sont teintés des émotions et des sensations ressenties en chaque circonstance. Le contexte perceptif et émotionnel active le type inné de comportement que nous avons appris à utiliser en pareilles circonstances: curiosité, attentisme, exploration, coopération, agressivité, affrontement, fuite, pleurs… Quelles que soient les justifications que nous leur donnons, nos actes sont déterminés par le contexte émotionnel qui en, les reliant à nos besoins vitaux, leurs donnent du sens. Cela ne veut pas dire que nos décisions ne sont pas rationnelles, nos émotions nous disent où aller et pourquoi, la rationalité, quand elle en a l’occasion, comment. Une illustration saisissante de la dépendance de la rationalité vis à des émotions a été donnée par le neurologue Antonio Damasio. Dans son essai ‘L’erreur de Descartes’, il rapporte que les malades dont la zone du cerveau générant les émotions et celle responsable de la rationalité ne peuvent plus communiquer, continuent à s’exprimer et raisonner normalement, mais sont affectés dans leur vie quotidienne de conséquences désastreuses : malgré des capacités cognitives intactes, ils sont incapables de prendre des décisions, de faire des choix élémentaires, ils perdent leur emploi, leur conjoint, se désocialisent… La rationalité n’est pas nécessaire pour survivre, les émotions si.

Se demander si les émotions sont nécessaires à l’intelligence n’est donc peut-être pas la bonne façon de poser la question. Les émotions participent-elles nécessairement, avec de multiples autres fonctions, capacités et conditions, à cette propriété de l’esprit que nous nommons l’intelligence ? La réponse est clairement oui.

 

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