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Intelligence Naturelle (4)

Sélection naturelle & intelligence

Ce que nous apprend la sélection naturelle sur l’esprit - En abordant l’intelligence sous l’angle de l’évolution des espèces, elle apparaît comme une capacité parmi d’autres au service de la finalité de l’individu : la survie. L’une des conséquences d’une telle approche est que, pour espérer la reproduire dans une machine, la question première n’est pas de comprendre son fonctionnement mais de recenser les facteurs, conditions et contraintes qui la déterminent. L’esprit n’est qu’une partie d’un système plus large qui englobe l’individu, l’espèce, l’environnement et la dynamique de l’Evolution. Un tel ensemble a nécessairement un fonctionnement  holistique, chacune de ses parties ne peut être comprise sans ses interactions avec toutes les autres. C’est une approche bien différente de celle des pionniers de l’intelligence artificielle qui se sont focalisés pragmatiquement sur la production de solutions à des problèmes formels. La sélection naturelle développe les capacités de l’individu dans l’unique but de survivre. L’esprit humain si sophistiqué qu’il nous paraisse, n’est nullement un système parfait de traitement de l’information, ses capacités se limitent à ce qui est strictement nécessaire, le but de l’Evolution n’est pas d’enfanter des génies. Cela peut expliquer que certaines capacités mentales humaines soient aisément surpassées par les IA et même de simples algorithmes (ceux des calculatrices…), mais aussi, pourquoi aucune IA n’approche de capacités informelles telles que de rêver, imaginer, désirer, prendre des décisions... capacités que les chercheurs de l’IA considèrent comme trop éloignées de leur objectif de produire des systèmes de résolution de problèmes pour s'y intéresser. L’approche naturaliste amène également à prendre en compte un facteur limitant nos capacités : la complexité de l’environnement. Les innombrables phénomènes invisibles dont les cascades d’effets produisent ce que nous percevons sont trop complexes pour être compris. Pour les appréhender, l’esprit doit s’en tenir aux apparences et utiliser des stratégies empiriques pour modéliser approximativement son environnement et anticiper, comme il peut, les évènements. C’est à l’opposé de l’analyse formelle des problèmes qui fait le fond de la pensée occidentale. En contrepartie, l’esprit, qu’il soit humain ou animal dispose d’une intuition et d’une sensibilité dont sont totalement dépourvues les IA, des notions généralement considérées comme bien éloignées de l’intelligence.

 

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