Revenir au site

Intelligence Naturelle (2)

Se représenter le monde

La représentation de notre environnement est la somme de nos expériences sensorielles et motrices annotées de leurs relations à nos besoins. Cela nécessite toutes les facultés et caractéristiques d’une entité animale : incarnation confrontée au réel, perceptions variées, actionneurs, un système nerveux mais aussi des besoins et de l’autonomie autrement dit, un individu… Pour le règne animal comme pour Homo Sapiens, la construction de la représentation du monde n’a rien d’un enregistrement documentaire. Elle est élaguée par les limites de nos perceptions et filtrée par nos besoins. Nous ne percevons que ce qui est à notre échelle et à notre contact, excluant l’infiniment petit, l’infiniment grand, nous ne voyons pas ce qui est derrière la colline ou caché dans un buisson, nous ne saisissons pas ce qui est trop rapide ou trop lent, c'est une simplification de la réalité. Du tourbillon d’évènements dans lequel nous évoluons, nous ne captons que l’écume et n’en retenons, que des lambeaux. Dans le théâtre sensoriel d’ombres et de lumières projetées lui parvenant après maintes réflexions et distorsions, l’esprit, n’enregistre que ce qui est en rapport avec sa finalité. C’est ainsi que se bâtit notre représentation du monde. Elle nous paraît cohérente car adaptée à nos besoins mais n’est en rien objective. Peu importe qu’elle ne soit qu’une image simplifiée et déformée de la réalité, elle doit seulement être cohérente avec nos contraintes et nos besoins. La Nature n’a pas élaboré l’esprit pour percer ses mystères mais pour survivre. 

Quel rapport avec l’intelligence artificielle ? S’il s’agit de réaliser des machines qui écrasent les l’humains dans des domaines où il n’est pas performants, typiquement le calcul, chercheurs et ingénieurs n’ont que faire d’un modèle naturaliste de l’esprit. On parle alors d’intelligence augmentée ou encore d’intelligence faible. De telles IA sont incapables de développer un langage naturel, d’apprendre comme des enfants et de créer une représentation cohérente avec la réalité. Imaginer à quoi cela pourrait bien servir n’est pas aisé car aucune IA n’approche, ne serait-ce que loin cette l’intelligence forte. Il faut imaginer ce que serait les applications d’IA dotées de ce type de représentation, à la fois subjective et généraliste et, pour cela, imaginer des IA qui sachent que le monde existe et qui comprennent de quoi elles parlent. Des IA capables d’imagination, de créativité et d’empathie, capables de se substituer à l’humain dans des tâches complexes sans leurs limites et contraintes biologiques. 

''Intelligence artificielle & naturelle, une anatomie comparée’' https://www.amazon.fr/dp/B09H4PV2F8

#intelligenceartificielle #neurosciences